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Influence et raison d’être de l’EA

En toute modestie...

Article du 22 septembre 2011, publié par PO (modifié le 20 septembre 2011 et consulté 578 fois).

Théodore Beck : Mes souvenirs, 1890 - 1922

INFLUENCE ET RAISON D’ÊTRE DE L’ÉCOLE ALSACIENNE

En toute modestie, nous pouvons affirmer que notre Ecole, malgré ses imperfections, a exercé une heureuse influence, si bien qu’une haute personnalité a dit que si elle n’existait pas, il faudrait la créer. L’Ecole Alsacienne montre, avant tout, ce que peut l’initiative privée, quand elle est animée d’un bon esprit et qu’elle ne cherche qu’à seconder l’Université et à servir l’Etat. Tel est, dans l’enseignement secondaire, le cas de notre Maison qui, d’une part, est un foyer d’éducation libérale autant que morale, et, d’autre part, sert de son mieux les établissements universitaires. Au point de vue des études, elle a pris une part active aux réformes de 1880 et 1902, tout en conservant son originalité et son caractère propres.

Elle a été la première à signaler aux pouvoirs publics les réformes qu’elle jugeait nécessaires.

Malgré ses difficultés financières elle a, dans l’intérêt du pays, accompli une mission qui exigeait autant de courage que de persévérance.

Elle a ainsi donné un bel exemple de ferme volonté, de foi ardente et de ténacité ; en rendant plus étroites les relations entre l’Ecole et l’Etat, elle a fait une belle oeuvre de solidarité et d’entente réciproque.

D’autre part, l’union fraternelle qui existe entre les professeurs qui tendent tous au même but et travaillent dans un même esprit, est une chose importante qui n’existe nulle part au même degré.

L’Ecole Alsacienne ne veut pas seulement former des candidats au baccalauréat ou à d’autres examens, elle veut avant tout préparer pour la Société et la Patrie des êtres vivants et vivifiants, luttant contre l’affaiblissement de la conscience nationale et individuelle, contre le desséchement du coeur.

Notre influence sur le coeur nous paraît être particulièrement féconde en bons résultats. Elle a puissamment aidé à résoudre le grave problème de l’éducation. Notre Ecole a été un « stimulant énergique ».

C’est en pleine Sorbonne que l’on a dit : « L’Ecole Alsacienne a conquis une sérieuse et légitime autorité. »

Le passé de l’Ecole Alsacienne est une garantie, peut-être la meilleure, de son avenir. Les services qu’elle a rendus à l’Université et à la Patrie depuis son origine jusqu’à nos jours (1934) justifient ses espoirs, ses prétentions à la vie, à la durée, si toutefois elle reste fidèle à son esprit, à son originalité.

Relever le pays au point de vue intellectuel et moral, tel a été surtout le but des fondateurs de notre Maison ; il y a de sérieux motifs de croire que son action et son influence seront tout aussi nécessaires demain qu’elles l’ont été hier et qu’elles le sont aujourd’hui ; de là sa raison d’être.

Il y a plus : l’enseignement secondaire en France, manque d’unité, de clarté, d’équilibre, de stabilité ; les programmes trop chargés sont soumis à des changements perpétuels ; l’organisation des études et la division du travail laissent beaucoup à désirer ; il y a même, sinon surmenage, du moins surcharge de programmes, grave inconvénient pour des élèves en plein développement physique.

M. CROISET, doyen de la Faculté des Lettres, a dit à ce sujet, lors d’une séance de fin d’année de notre Ecole, qu’il a bien voulu présider : « L’Université est une lourde machine, il est difficile d’en modifier le moindre rouage. Vous, Messieurs, vous pouvez frayer des voies nouvelles. Vous avez votre physionomie propre. Les circonstances de votre naissance ont créé d’emblée autour de vous une atmosphère morale particulière où l’on respire naturellement le patriotisme, le sentiment du devoir, avec la joie de bien faire pour la science et pour le relèvement de notre pays. » Franches et rassurantes paroles pleines de reconnaissance pour le passé et de fortes espérances pour l’avenir. Nous n’avons pas la sotte prétention de croire que nous sommes supérieurs aux lycées et collèges, d’être l’Ecole modèle à tous égards, mais nous nous efforçons de donner un bon exemple et d’exercer une heureuse influence sur les établissements universitaires, avec lesquels nous entretenons les meilleures relations.
« Nous avons besoin de vous », a dit un Parlementaire de haute valeur, à une de nos séances de fin d’année qu’il présidait. Il parlait au nom de l’Etat et de l’Université, affirmant, lui aussi, notre force acquise, notre vitalité, notre durable raison d’être.

On se demande, en effet, pourquoi notre institution devenue mieux équilibrée, plus expérimentée, ne serait pas, dans la suite, ce qu’elle a été non sans peine pendant plus de cinquante ans, c’est-à-dire une auxiliaire de l’Université. La victoire de 1918 n’a pas été complète, la conscience nationale et individuelle est plutôt affaiblie et l’éducation dans la famille est, sauf exception, trop négligée. L’Ecole Alsacienne sera peut-être appelée, pendant des années encore, à collaborer au redressement du pays.

Il n’y a donc plus de doute sur notre raison d’être.

Notre mission est loin d’être terminée ! Tel est l’avis de tous ceux qui connaissent notre histoire.

La raison d’être de l’Ecole Alsacienne est, de plus, démontrée par deux faits de natures différentes.

D’une part, plusieurs jeunes gens d’Alsace et de Lorraine, surtout de Strasbourg et de Mulhouse, nous arrivent tous les ans, pour mieux apprendre notre belle langue, sans doute, mais aussi pour mieux connaître notre pays et ceux qui l’habitent. Après s’être pénétrés de l’esprit français, ils retournent chez eux, tout disposés à agir sur les gens des villes et des villages, trop nombreux, hélas ! qui ne sont pas encore Français de coeur et d’âme.

D’autre part, il nous paraît certain que l’Etat n’eût pas récemment encore (1932) augmenté la subvention qu’il nous accorde, s’il n’avait pas voulu assurer notre vie et affirmer ainsi notre raison d’être.

A nous de nous montrer dignes de cette confiante et généreuse libéralité.

Les difficultés que nous avons eues à vaincre, les efforts persistants que nous avons faits contre vents et marées, sans jamais perdre courage et confiance, les résultats
favorables que nous avons obtenus, les soins que nous donnons à l’éducation, tout témoigne de notre puissance de vie.

Notre Ecole vivra, parce qu’elle cherche à réaliser un idéal. Ses modestes prétentions, ses saines ambitions, sa constante recherche du mieux, son désir fervent de servir la Patrie, justifient sa raison d’être et garantissent son avenir.

École alsacienne - établissement privé laïc sous contrat d'association avec l'État

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