Le mercredi 17 novembre 2010, le Comité quadripartite (CQ) de l’École alsacienne a organisé une journée quadripartite, réunissant les élèves, les parents, les professeurs et le personnel ainsi que la direction autour du thème « Moi et les autres, la construction de l’individu par le groupe, pour le groupe, hors du groupe ».
Vidéo de la journée
Vous pouvez consulter la vidéo de cette journée : Vidéo – 2010 – CQ – Moi et les autres.
Pourquoi ce thème
Le Comité qui s’est réuni tout au long de l’année scolaire 2009/2010, a choisi pour thème de la journée quadripartite du mercredi 17 novembre 2010 : « Moi et les autres ».
1. Différents points d’actualité à l’Ecole
Après l’événement dramatique du début d’année (2009/2010), faisant suite à celui de l’année précédente, les membres du Comité quadripartite se sont posé plusieurs questions :
- Comment faire attention à l’autre ?
- Comment faire quand on sait que quelqu’un va mal ?
- quelles sont les représentations associées à la perception du mal être de quelqu’un dans son environnement ?
- et en conséquence, que faire de ces représentations : en parler ? ne pas en parler ? avec qui ?
Puis, différents événements de l’actualité de l’Ecole ont été évoqués dans les réunions suivantes, alimentant au fil du temps la réflexion :
- les phénomènes de leadership, de boucs émissaires, d’exclusion (ex : difficulté parfois d’intégration des nouveaux, moqueries liées à des tenues vestimentaires, à des différences sociales, raciales, à des différences de niveau scolaire)
- les phénomènes de bandes (ex : les « populaires » et les « paumés »)
- les jeux dangereux chez les élèves du Petit Collège comme du Grand Collège – l’existence de réseaux sociaux comme Facebook qui augmente l’impact des phénomènes d’ostracisation (et permettent d’usurper l’identité d’une personne)
- la difficulté liée au fait de vouloir se conformer au modèle du groupe tout en essayant de trouver sa propre identité.
2. le groupe et la place de chacun au sein de ce groupe
S’est imposée l’idée qu’il fallait travailler sur le groupe et la place de chacun au sein de ce groupe.
Donc penser :
- les interactions au sein du groupe
- l’individu au sein du groupe
Comment les adultes (professeurs, personnel éducatif, direction) peuvent-ils se situer entre l’attention à porter à un élève et la nécessité de faire face au groupe et de contenir le groupe ?
A ce stade de la réflexion, l’intitulé de la journée quadripartite a été proposé : « Moi et les autres ».
Avec un sous-titre : « la construction de l’individu par le groupe, pour le groupe, hors du groupe »
« par le groupe », élément nécessaire à la construction de l’individu ;
« pour le groupe », les problématiques de reconnaissance par le groupe, avec le risque d’enfermement lié au choix d’un petit groupe d’individus comme cercle privilégié, et la tentation de l’exclusion des tiers, comme moyen de renforcement du groupe ;
« hors du groupe », la question de l’exclusion volontaire ou subie : que se passe-t-il lorsque l’on est mis hors du groupe ? »
Le déroulement de la journée
Programme :
- 10h-12h30, Ateliers : constats
- 12h30-14h, Déjeuner avec mélange des familles
- 14h-16h30, Ateliers : propositions
- 16h30-17h30, Synthèse au Théâtre
Afin de permettre le bon déroulement de la journée, les cours et les activités annexes de ce mercredi 17 novembre 2010 n’étaient pas assurés. Pour le Petit collège, l’invitation s’ouvre aux élèves des niveaux 8e et 7e accompagnés de leur(s) parent(s).
Article : « Partie de Quatre » – Les Cahiers de l’École alsacienne
Annoncée lors des réunions de rentrée, la journée quadripartite sur le thème « Moi et les autres, la construction de l’individu par le groupe, pour le groupe, hors du groupe » s’est tenue le mercredi 17 novembre 2010.
L’événement tragique survenu à l’École au début de l’année 2009 a provoqué la réflexion du comité quadripartite. Plusieurs questions se sont posées : les élèves savent-ils faire attention à l’autre ? Savent-ils quoi faire quand quelqu’un va mal ? Peut-on même savoir vraiment qui va mal au sein d’une classe ou d’un groupe ?
Les phénomènes de leadership, de boucs-émissaires et d’exclusions ont été aussi évoqués dans les réunions ainsi que les jeux dangereux chez les élèves du petit collège et l’existence de réseaux sociaux comme Facebook qui peuvent accentuer les conflits entre adolescents.
Cette journée a servi à mettre au grand jour ces difficultés, parfois ces souffrances, de la vie en groupe devant des personnes qui ne sont pas forcément au courant de la réalité des relations entre adolescents au sein de l’École : les élèves eux-mêmes qui ne voient pas ou ne veulent pas voir ceux qui vont mal, les parents à qui les enfants ne se confient pas toujours, le personnel de l’École qui n’est pas présent en tous lieux et les professeurs qui doivent aussi s’abstraire de ces relations inter-élèves pour faire cours.
La matinée a été consacrée aux constats et aux débats. De nombreux témoignages anonymes ont été recueillis, mais durant les discussions certains ont librement raconté des expériences ; une institutrice du primaire témoigne que de réels phénomènes de groupes se forment dès le petit collège. La bande des « populaires » considère par exemple que certains types de vêtements ou de marques, et certaines professions des parents sont préférables pour entrer au sein du groupe. Ils appellent les autres élèves, les « bolosses » ou encore les « paumés ».
Une mère d’élève témoigne également du fait que son fils a été victime de moqueries à cause de son physique, ce qu’il a très mal vécu, d’autant que des élèves avaient publié des photos et des commentaires insultants sur un réseau social.
L’après-midi, une recherche de solutions a eu lieu au sein des différents ateliers. La plupart ont constaté que ces phénomènes discriminatoires s’atténuaient, voire disparaissaient au lycée. L’idée de tutorat a été proposée : des élèves du lycée pourraient se charger d’aider les nouveaux élèves dans les premières classes du collège. Les élèves présents lors de la journée ont manifesté leur grande motivation afin de tenter de réduire et si possible de supprimer ces phénomènes de bande, dont paradoxalement les plus « populaires » peuvent pâtir autant que les victimes. Cette journée a servi aux enfants et aux adultes présents à avoir une plus grande ouverture d’esprit et à mieux respecter l’individualité de chacun au sein de la collectivité. Les débats leur ont permis de parler de ces phénomènes entre eux et de se rendre compte de leurs conséquences ; or tout le monde sait que dans ces situations la parole est déjà un élément de solution.
En attendant les actes et les décisions au sein de l’École qui ne manqueront pas de concrétiser ces débats si fructueux, nous sommes déjà certaines que la journée quadripartite du mercredi 17 novembre 2010 comptera beaucoup dans l’esprit de l’établissement.
Noor B. et Stella Z. (élèves), Les Cahiers de l’EA, 72, 2011