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Hommage à Jean-Claude Margueron

Pierre de Panafieu a rendu hommage à Jean-Claude Margueron, récemment décédé, lors d’une cérémonie à l’Oratoire du Louvre.

Pierre de Panafieu a rendu hommage à Jean-Claude Margueron, récemment décédé, lors d’une cérémonie à l’Oratoire du Louvre :

Jean-Claude Margueron a noué tout au long de sa vie une relation extraordinairement fidèle avec l’École alsacienne. 

Ce fut d’abord pour lui un havre où il a pu achever son lycée et se préparer aux études d’histoire qui l’ont mené dans un premier temps à l’agrégation. Il y rencontre un professeur de lettres classiques, Georges Hacquard, qui vient d’achever Le Guide Romain antique, écrit avec Olivier Maisani et Jean Dautry. Lucien Febvre y consacre une note, écrite dans les Annales en 1954 : « Le jeune humaniste, l’humaniste en herbe qui achètera ce livre y trouvera de quoi comprendre vraiment, quant à l’essentiel, toute la civilisation romaine ». J’aime à penser que ce jeune humaniste en herbe était Jean-Claude.

Longtemps plus tard, en 2002, Georges Harcquard se souvient de son ancien élève devenu un brillant archéologue pour lui confier la présidence de l’AVES, l’Association de voyages et d’études scolaires qui avait été créée en 1969 lors du premier voyage des élèves de 5ème à Rome et que préside aujourd’hui Béatrice. 

C’est à ce moment là que nous avons vraiment travaillé ensemble, même si j’avais eu auparavant la joie d’avoir Adeline sa fille en classe de 2de en 1996. A son retour à Paris, après son professorat à l’université de Strasbourg (l’Alsace toujours) il avait inscrit Sébastien et Adeline à l’École alsacienne (la fidélité, toujours). 

Jean-Claude m’a toujours frappé par sa capacité à simplifier des problèmes très complexes sans jamais les dénaturer. Lui qui avait poussé si loin l’analyse archéologique arrivait à des formules limpides qui aident à penser le passé.

Alors que les professeurs lui disaient lors d’une réunion de préparation au voyage à Rome que les élèves de 12 ans avaient du mal à lire les plans des monuments antiques, il répondit : « regardez toujours les trajets que les occupants de ces bâtiments devaient faire, vous comprendrez alors la fonction du bâtiment ». Je reviens du voyage à Rome et hier, j’ai aidé des élèves qui n’arrivaient pas à lire le plan des Thermes de Caracalla, en leur donnant le lumineux conseil de Jean-Claude. J’en ai profité pour leur parler de lui. Ils étaient captivés.

L’autre phrase qui m’a marqué, et que j’utilise en classe tous les ans, est relative à la naissance des villes. Il m’a appris que les grandes villes mésopotamiennes avaient dès leur origine fonctionné en réseau. Ville et réseau urbain sont donc contemporains. 

Fidélité, intelligence éclairante, rigueur et humanité. Dans ses livres, ses articles, sa vie, il avait toujours cette précision un peu raide qui accompagnait sans la cacher complètement sa profonde sensibilité aux personnes et aux situations. Il parlait avec tant d’humanité des personnes avec lesquelles il avait entrepris tant de chantiers de fouilles que je ne peux imaginer le déchirement qu’a été pour lui la sauvagerie de la guerre dans sa chère Syrie.

Cher Jean-Claude, votre vieille école est fière de vous compter parmi ses plus éminents anciens élèves. Votre vie et votre oeuvre témoignent, et témoigneront, de ses valeurs intellectuelles et humaines. 

Puisse la terre vous être légère. Georges Hacquard aurait dit : « Sit tibi terra levis »

Pierre de Panafieu, directeur de l’École alsacienne