Article de Nina W. et Léo P., Les Cahiers de l’École alsacienne n°77, 2015-16.
La classe de 4e6 de l’année scolaire 2015-2016 a fait l’objet d’une expérimentation : la classe numérique. On a en fait confié à chacun des élèves une tablette numérique, il n’y a pas eu la moindre casse tout du long de l’année, et il n’y a pas non plus eu de désordre en classe: les élèves ne sortaient leur tablette que quand on le leur disait. Bien sûr les cahiers ont été conservés pour la prise de notes.
Les élèves ayant participé à cette expérience ont été très satisfaits; l’École avait créé un formulaire pour les élèves et les parents afin qu’ils donnent leurs avis, et les résultats ont été très positifs. On pense que l’enseignement a été rendu plus ludique et divertissant, et que les tablettes ont créé une hétérogénéité dans la classe.
C’est un projet qui devait être mis en place plus tôt. Mais, nécessitant un gros budget et suffisamment de professeurs acceptant d’enseigner dans cette classe, il n’a pas été réalisable avant cette année. Le gouvernement voudrait réformer les écoles en «numérisant» les classes. Dans le cas d’une généralisation, ce serait donc lié à un projet gouvernemental.
Les caractéristiques
La classe numérique a beaucoup d’atouts. Elle permet des économies de temps, puisque les élèves semblent mieux apprendre et être plus attentifs en cours; des économies de papier, car la plupart des contrôles sont faits sur la tablette; et enfin, un allègement des sacs des élèves, parce que les manuels sont tous numérisés sur cette tablette. Grâce à elle, de nombreuses compétences informatiques sont accrues chez les élèves, elle amène à des situations intéressantes et permet une ouverture vers de nombreuses informations. La question que l’on se pose en classe lorsqu’on réalise un projet est «la tablette pourrait-elle nous apporter quelque chose?». Si, par exemple, lors d’une recherche à effectuer, l’un des élèves trouve quelque chose d’intéressant, on peut projeter ce qu’il a trouvé au tableau: le professeur peut accéder à l’écran de chacun avec sa propre tablette, quand il le veut. Il peut forcer l’ouverture d’une application sur toutes les tablettes, il les contrôle véritablement. Un contrôle parental a été installé sur les tablettes des élèves, et les téléchargements d’applications, de jeux et de musique ont été bloqués.
Un petit aperçu de certains cours
En cours de français, avec M. Menasché, le cours est pris normalement, sur le cahier, mais les élèves ont la chance de ne pas porter le poids du manuel. Pour les contrôles, ils se font sur la tablette, préparés à l’avance par le professeur. Pour des QCM, le numérique est extrêmement pratique, puisque les élèves doivent juste mettre une croix dans les cases, et le besoin d’imprimer de nombreuses feuilles disparaît. Le professeur a immé- diatement sur sa tablette les réponses saisies par les élèves. Pour les dictées, équipés d’un casque, les élèves vont sur un site spécifique (Bes- cherelle en général), ils y écoutent un texte en entier puis morcelé. La correction s’affiche lorsqu’ils déclarent avoir terminé, ils peuvent alors souligner et corriger leurs fautes.
En cours de mathématiques avec M. Guimer, les tablettes permettent d’utiliser des logiciels tels que GeoGebra (avec lequel on peut faire des figures géométriques et démontrer des propriétés ou théorèmes) et Kwyk (qui propose une infinité d’exercices sur tous les sujets). En cours de soutien par exemple, ce dernier logiciel est très pratique car les élèves peuvent chacun travailler sur le sujet de leur choix, au lieu de tous faire la même chose à l’avantage de certains et au détriment des autres. Le professeur a également les réponses automatiquement et immédiatement.
En cours d’histoire et géographie, avec Mme Lacombe, on retrouve la même organisation: les cours sont sur le cahier, et le manuel sur la tablette. La professeur leur fait utiliser de nombreuses applications: Google Earth pour la géo-localisation, et QuizUp (qui propose des quiz dans des milliers de catégories, de divertissements aussi bien que de connaissances) sur le programme d’histoire et de géographie. Des croquis peuvent être réalisés sur la tablette ainsi que des exposés. Les élèves sont motivés car ils peuvent apprendre par le jeu, interagir. Des recherches sont effectuées, c’est un appel au travail collaboratif. Quant aux contrôles, ceux de repères se font en ligne et la réponse est immédiate.
En cours de sport, avec M. Payet puis Mme Sonnes, on pourrait croire que le numérique est inutile, mais il enrichit le cours et favorise l’autonomie, l’évolution motrice: par exemple, en danse ou acrosport, les élèves peuvent se filmer, puis regarder et corriger les erreurs instantanément au lieu d’attendre le professeur. En cours de step dance, on peut utiliser un vidéoprojecteur pour afficher les pas aux élèves. Pour la course d’orien- tation, il existe un objet dont l’École ne dispose pas, mais qui serait très pratique et plairait aux élèves et aux professeurs: un brassard GPS, qui indique la position de chacun sur la tablette du professeur.
Les tablettes servent également dans les cours de physique-chimie et de SVT, puisqu’une application sert à faire des simulations d’expériences.
Les avis des élèves
L’utilisation d’une tablette a certains avantages tels que le poids du sac beaucoup plus léger (plus de manuels), différentes applications suivant les matières avec un choix varié dans celles-ci, des contrôles rapides et faciles (corrections immédiates) parfois surprises, des devoirs à faire directement dessus (moins de papier à utiliser), l’accès aux emails…
Mais elle a aussi ses inconvénients et des contraintes tels que surveiller la batterie et ne pas oublier de la recharger, faire les mises à jour, ne pas l’oublier chez soi et ne pas la casser, vérifier ses emails tous les jours pour être au courant des devoirs et contrôles, la vue des professeurs sur le pourcentage de batterie et les applications ouvertes par les élèves…
Les élèves en ont finalement conclu qu’elle n’était pas indispensable et qu’une tablette pour deux pouvait suffire.
Élèves interrogées : Valentine A., Charlotte L., Justine R.
Et après ?
Le projet serait d’équiper chacune des classes de 5e de l’année scolaire 2016-2017 et de les leur laisser jusqu’à la terminale. Le fait d’avoir des laboratoires de langue portatifs et de pouvoir tout revoir et refaire est un grand avantage.
Puisque les classes numériques existaient déjà depuis des années dans d’autres écoles, l’École alsacienne a voulu essayer elle aussi: à la fin de l’année 2015-2016, il a été décidé que les classes de 5e auraient des tablettes dès la rentrée 2016.
Nina W. et Léo P., Les Cahiers de l’École alsacienne n°77, 2015-16.